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18 septembre 2006 1 18 /09 /septembre /2006 09:48

(J'ai proposé à Catherine Nivez d'Europe1 de publier son point de vue sur Blogs et Medias dans Kelblog. Catherine est une journaliste bien connue des bloggeurs puisqu'elle réalise tous les matins sur Europe1 le Journal des Blogs, une émission qui est une vraie mine d'informations, malheureusement diffusée très très tôt, à 6h47...)

Cathy Quand Pierre m’a proposée de poster sur son blog, je me suis demandée ce que cette invitation pouvait signifier pour un bloggeur. Dans les medias traditionnels, toutes les publications sont collectives. En radio, en télé, en presse, nous sommes toujours plusieurs dizaines de journalistes à réaliser un seul journal. Or un blog est personnel.

Alors pourquoi partager son blog ? Quelle est la règle du jeu dans la blogosphère ?

Y a t-il un « nous » ? Une convention collective ?

Je repense à ce qu’à dit le talentueux Thomas L. Friedman* et à sa théorie des 3 périodes de l’histoire moderne de l’humanité.

Pour lui, il y a d’abord eu la mondialisation des états (1492 – 1800), ou les conquêtes étaient géographiques et politiques, puis la mondialisation des sociétés (1800 – 2000), où la conquête était celle du chiffre d’affaires et des parts de marché. Depuis l’an 2000, nous sommes entrés dit-il, dans la 3° période : celle de la mondialisation des individus.

La nouvelle frontière n’est plus géographique ou économique, elle est devenue individuelle.

Avec internet et avec les blogs, l’information passe donc du collectif –les medias professionnels- aux règles du «  je », des blogs personnels…

Sur les blogs, toute la question n’est pas de savoir ce qui s’est passé (les faits), mais de savoir qui pense quoi ? comme qui ? L’information sur internet perd sa valeur initiale, les faits sont une donnée de base accessible partout et gratuitement.

Alors où est la valeur de l’information sur le web ?

Dans ce qu’elle suscite, dans les débats, les commentaires, qui sont particulièrement nombreux dans la blogosphère. Avec les blogs, ce n’est plus le scoop –qui a encore de beaux jours devant lui- qui compte mais le regard que l’on y jette. La base relationnelle n’est plus la réglementation (les états) ni la transaction (l’entreprise) mais le partage de valeurs. **

C’est le retour spectaculaire des réseaux et des communautés.

Est-ce que tu penses comme moi ? Est-ce que nous partageons les mêmes valeurs ?

Je partage celles de Pierre, visibles sur ce blog autour de l’entreprenariat, et du web 2.0.

Et je partage quotidiennement celle des medias traditionnels.

Nos vieux medias sont en plein bouleversement. Pour survivre à cette révolution numérique, et à la révolution de l’information, ils doivent changer en profondeur leurs règles du jeu. Vers plus d’ouverture, de partage. Les récentes annonces en France, notamment dans le groupe Lagardère, vont dans ce sens.

Parallèlement, il me semble que les blogs vont devoir se « professionnaliser », en s’interrogeant sur la valeur du message qu’ils diffusent, sur leur responsabilité et leur éthique dans l’échange.

Aujourd’hui, les blogs apportent aux médias traditionnels de nouvelles règles du je(u).

Je suis une journaliste traditionnelle qui s’ouvre au blogging et à la « voie du retour ».

Anciens et nouveaux medias…. Nous avons tout à gagner l’un de l’autre.

Merci Pierre pour ton invitation.

Catherine Nivez

* Dans « The world is flat » Ed Farrar, Straus and Giroux / New York –non traduit en français-. Friedman est journaliste au The New York Times, lauréat à 3 reprises du prix Pulitzer.

** Idée largement développée dans « La société civile, le 3° pouvoir » changer la face de la mondialisation » de Nicanor Perlas. Ed. Yves Michel

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commentaires

C
Chère Catherine Nivez<br /> <br /> Je vois ces blogs comme un entrelacs de neurones, de synapases, multipliant au gré des recontres les connections les plus diverses et inattendues. Bien sûr, cela donne au "je" la possibilité de se prendre au jeu, mais de plus en plus vous trouvez des sites qui sont tenus à plusieurs, on n'est donc plus dans la simple expression du "je", mais du "nous" et là qu'est-ce qui différencie un tel site d'un média traditionnel, regardez Agoravox<br /> <br /> Quant au communautarisme sur le net, oui mais pas plus que dans la rue,<br /> <br /> en tous cas, c'est quand même dommage que votre émmision ne dure que quelques instants et gagnerait à passer à un autre moment, mais pour çà j'imagine qu'il faudra bouculer les convenances ou plutôt les convenu(e)s<br /> <br /> bien à vous du Citoyen<br /> <br /> (Au fait on ne vous a pas tout dit sur la Grippe aviaire)
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C
Gilles... Comment vas-tu ? <br /> Comme moi, tu sais que la vieillesse n'est pas une question de temps mais d'état d'esprit. On peut être déjà vieux à 10 ans et toujours jeune à 90. <br /> Les "vieux medias" dont je parle, sont ceux qui ne doutent pas (de leur suprématie)...<br /> <br />
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G
Amusant de lire ma consoeur et amie Catherine qui emploie le terme "vieux médias". La télévision c'est vieux ? Quelle échelle pour mesurer le temps ? Quitte à faire du jeunisme continuons : hou là que l'Internet est vieux ! En gros plus de 12 ans en utilisation grand public.. quand au blog c'est fini, trop vieux ! Has been....
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L
6h47, c'est plus un problème...<br /> L'avantage d'Internet c'est que les émissions peuvent être réécoutées à tout heure sur le site mentionné dans l'introduction de ce post.
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D
Reflexion intéressante<br /> <br /> ce qui est paradoxal c'est que la France, championne toutes catégories de la résistance à la mondialisation des entreprise soit en pointe sur la mondialisation des individus<br /> <br /> Les 3 mouvements ne seraient donc pas successifs mais indépendants
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A
Très belle initiative Pierre, la compétence de Mme Nivez est une véritable valeur ajoutée pour ton blog, bravo
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J
Intéressant la ref à Friedman. Le blog aide au rayonnement du Je en effet, le connecte aux autres, voire lui donne existence (je suis lu, donc j'existe). Il doit effectivement participer à la mondialisation de l'individu (ainsi qu'à son instantanéité : le blog est impermanent, au contraire du livre). Faudrait que je m'y remette...
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