On parle beaucoup de la crise de la dette en Europe, à juste titre, tant la situation créée par des décennies de mauvaise gestion est inextricable.
Quand on regarde ce genre de courbe (que j'ai photographiée dans l'excellent magazine Clés, cliquez sur l'image pour l'agrandir), on comprend mieux l'ampleur du problème.
Il s'agit de la dette américaine, qui n'a jamais atteint un tel niveau en temps de paix. Le pic précédent correspond à la crise des années 30.
On voit que le total de l'endettement des ménages, des collectivités et de l'Etat atteignait 370% du PIB en 2009 (sans doute proche de 400% aujourd'hui). Cela signifie qu'il faudrait que tous les américains travaillent pendant 4 années sans dépenser un seul cent, pour rembourser les créanciers.
Et puis, l'accélération de la courbe est affolante: le gouvernement américain, comme ceux des pays européens, emprunte de plus en plus pour payer les intérêts des emprunts précédents, et pour compenser la baisse des crédits aux particuliers, eux-mêmes étranglés par les dettes immobilières et autres.
La crise de l'endettement n'a rien à voir avec le libéralisme
Il est de bon ton dans les milieux dirigeants et dans les medias de mettre cette crise sur le dos du libéralisme. Et des banques. C'est tellement pratique pour se défausser de ses responsabilités...
La crise frappe aussi bien les pays relativement libéraux (comme les US) et les Etats plus collectivistes (comme la plupart des Etats européens). Tout le monde a cru qu'il était possible de s'endetter à l'infini: les particuliers se sont sur-endettés, et les Etats ont fait de même.
Depuis 2008, la dette des Etats a fait un bond de 30% en moyenne. Cela fait suite dans beaucoup de pays à des décennies de mauvaise gestion. Rappelons que la France n'a jamais présenté un budget équilibré depuis 1974!
Il y a néammoins des exceptions, comme la Suisse qui a inventé la règle d'Or en 2002: l'obligation de présenter des budgets en équilibre. (La règle d'or sera en principe adoptée par tous les pays européens d'ici l'an prochain).
Un modèle politique à revoir
La Suisse pratique une démocratie très particulière: dans le pays de JJ Rousseau tous les partis participent ensemble au gouvernement, et les citoyens sont souvent appelés à trancher les débats par referendum d'initiative populaire. Ce système incite les partis à faire preuve de responsabilité.
Il en va bien autrement dans les pays comme la France, les Etats-Unis et autres. Les partis politiques y font assaut de démagogie. La principale préoccupation des élus, locaux ou nationaux, n'est absolument pas d'équilibrer les comptes publics. Elle est de se faire réélire. Et d'assurer une place bien au chaud aux amis et serviteurs.
La démocratie se heurte ainsi à un défi: pour se faire réélire, les politiques passent leur vie à distribuer aux électeurs de l'argent qu'ils n'ont pas, et qu'ils doivent donc emprunter. Et au passage ils distribuent aussi de l'argent aux copains, au sein d'une sorte de nouvelle noblesse d'Etat qui vit sur la bête.
A cela s'ajoute l'incompétence de nombreux élus, tels ceux qui se sont fait rouler par Dexia (une banque elle-même incroyablement mal gérée par les grands commis de l'Etat qui se sont succédés à sa tête jusqu'à la chute finale).
Aucune entreprise ne saurait survivre, si elle était aussi mal gérée que les Etats. Dans une entreprise, les actionnaires surveillent en permanence la gestion des dirigeants et les changent si nécessaire. Une démocratie ne fonctionne pas de la même manière: les électeurs ne donnent leur verdict que trop rarement.
Il me semble que justement, pour que les choses aillent mieux, il faudrait que les électeurs aient beaucoup plus souvent leur mot à dire, au moyen du referendum d'initiative populaire. Et que les partis parviennent à dépasser leur fonctionnement clanique et démagogique, pour servir ensemble les intérêts des citoyens: mettre un terme à la spirale infernale de la hausse de la dette et des impôts avant que tout explose.
Mise à jour: Papandreou en annonçant son referendum a semé la panique sur les marchés financiers. C'est un saut dans l'inconnu ... mais avait-il vraiment le choix? l'accord européen de la semaine dernière, qui incluait l'annulation de 50% de la dette grecque, mettait en cause la survie du système de retraite et des banques du pays, détentrices de 70 milliards de dette. Au bout du chemin, se profile la sortie de l'euro ... au moins, si le referendum a bien lieu, les grecs prendront leur décision eux-mêmes!
Second mise à jour: pschitt ... plus de referendum! les grecs doivent vraiment penser que leurs dirigeants se foutent complètement de leur g ...