Vous avez sans doute été choqué comme moi en découvrant cette affaire du reportage bidonné du Point sur la polygamie.
Je pratique les journalistes depuis 25 ans, ayant été responsable de la communication de plusieurs sociétés de technologie, puis entrepreneur. La plupart des journalistes sont des gens passionnés
et épris d'éthique. Je les aime bien en général, car je suis comme eux passioné d'info. Je suis d'ailleurs marié avec une journaliste: Cathy Nivez.
Pourtant la profession de journaliste a un sérieux problème. Certains journalistes font beaucoup de mal à l'image de leur profession en écrivant n'importe quoi pour vendre.
Le trash-journalisme
Je ne suis pas le seul à constater une dérive vers le trash, l'information déformée, "habillée" , quand elle n'est pas complètement inventée.
Un journaliste du nom d'Olivier Bouchara m'a interviewé pour un article paru dans le dernier Capital. Ce qui l'intéressait, c'était de savoir si j'avais investi dans des startups. Je lui ai
répondu que oui, car je crois que les entrepreneurs qui ont réussi ont le devoir d'aider les jeunes à se lancer.
J'ai aussi precisé: je suis un entrepreneur, pas un investisseur, et l'essentiel de mes moyens je les mets dans mon entreprise Wikio.
Olivier Bouchara a intitulé son papier sur moi: "après quelques plantages, il met la pédale douce". Carrément. Vous allez me dire que je l'ai mal pris parce que le titre est un peu agressif ?
Le problème, c'est que Bouchara écrit n'importe quoi. Il commence par écrire que j'ai vendu Kelkoo 475 millions d'euros sans préciser que je n'avais que 3% de la boite. Il sous-entend ainsi que
j'ai des centaines de millions à investir. Il poursuit: "ensuite le malheureux a multiplié les coups hasardeux", citant Netvibes (Freddy, toi qui a fait de Netvibes une des rares startups
rentables, tu apprécieras), et finit en indiquant que mon dernier espoir s'appelle ... Hellotipi.
Pour le besoin de sa démonstration (= j'ai un piètre jugement), le journaliste ne juge pas nécessaire de citer parmi mes investissements Priceminister, racheté récemment 200 millions par un
groupe japonais. Ce qu'on appelle un bel exit, en langage financier. D'ailleurs je vais réinvestir mon petit profit dans Wikio (même pas mentionné dans l'article) pour accélérer notre
développement.
En réalité Bouchara n'a que faire de rapporter la vérité aux lecteurs du magazine Capital, plus trash qu'économique. Il raconte une histoire, inventée à partir de personnages réels qui font les
frais de son imagination. Les autres interviewés (Xavier Niel, Marc Simoncini, Marc Menasé, PKM) ne sont pas beaucoup mieux lotis.
Et pour couronner le tout, Capital a truqué la photo: cette "photo" est un montage!
Ce genre de journaliste vous explique volontiers que les blogs, c'est n'importe quoi, qu'on y propage que de fausses rumeurs etc ... Mais au moins, si Olivier Bouchara avait publié son article
sur un blog j'aurais pu lui répondre en commentaire. Qui sait, nous aurions peut-être eu un débat? Là je ne vais pas me fatiguer à lui envoyer un droit de réponse par courrier ... papier ... en
recommandé.